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Accro Vinyle : Vibrant témoignage d’amour adressé à la musique



Avec Accro Vinyle, Alain Cliche nous fait pénétrer dans un univers fascinant, celui d’un passionné fou de musique, mais surtout, l’auteur réussit une chose rare : traduire le sentiment, l’émotion et l’exaltation que produit la musique dans son âme, dans son corps. Son approche est organique plus qu’intellectuelle : il ne s’agit pas d’un « grand connaisseur », d’un mélomane spécialiste qui explique, compare, décortique (comme on en voit beaucoup… trop), mais d’un amoureux transi qui nous fait partager ce que la musique évoque et provoque chez lui, comment elle l’habite au plus profond de son être… La musique ne fait pas partie de sa vie, la musique EST sa vie, une partie intrinsèque de son existence. Peu d’auteurs sont parvenus à décrire avec autant de sensibilité et d’intensité l’émoi, cette sensation d’infini que certains peuvent ressentir au contact de la musique, au-delà de l‘analyse et des connaissances intellectuelles, à traduire le tressaillement de l’âme, le frisson universel et intemporel qu’elle peut produire (sauf peut-être Cioran, cet écorché vif, dans ses Cahiers : «… Écouté la Messe en si mineur. Bouleversé… Chaviré, inconsolable… Pleuré toute la nuit sur la misère du monde… ») Que ce soit par l’entremise de Bach ou de Zappa, peu de gens sont touchés aussi profondément, organiquement par la musique et réussissent à transmettre avec autant de talent leur impression, leur état d’âme. Ce qui fait d’Alain Cliche plus qu’un auteur qui nous fait partager sa passion de la musique, mais un véritable « écrivain ».


Habilement construit, le récit évolue au rythme de l’existence de ce jeune adulte des années 80 qui porte un regard ironique, parfois cynique sur le monde, le code social et l’absurdité de la vie… Les quadragénaires (comme moi) qui ont vécu leur vingtaine à l’époque du disco et qui ont frayé dans l’univers punk savoureront à coup sûr certains passages… Au fil de ses aventures, de ses amours et de ses désillusions, nous partageons avec lui ses découvertes musicales, lesquelles ponctuent le récit du début à la fin, en trame de fond. Le style est intimiste et rappelle parfois Réjean Ducharme ou, dans un autre registre, le grand classique de Salinger The Catcher in the rye. Lorsqu’on termine la lecture de l’épilogue, comme après avoir vu un grand film, on reste imprégné de l’univers qui habite le roman, et on a envie de découvrir à son tour Les Residents ou de redécouvrir ce bon vieux Zappa ou ce mirobolant Miles qu’on a délaissés depuis trop longtemps à cause du tourbillon inepte de la vie… Mais surtout, de connaître davantage cet Alain Cliche, surprenant nouveau venu dans le paysage littéraire québécois.



[Michèle Tremblay, 22 décembre 2006]


L'auteur au Salon du livre de Montréal 2006 (photo: Michel Pinault)

L'auteur au Salon du livre de Montréal en 2006 (photo: Michel Pinault)

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